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Trail Running made in USA

Par Sylvain Bazin 26 juillet 2017 42164 Vues Aucun commentaires

Trail Running made in USA.

Je suis aux États-Unis en ce moment, pour une grande randonnée sur le Colorado Trail. Non, pas une course, car ici le mot trail désigne bien le sentier. C'est donc le terrain de jeu commun aux hikers (les randonneurs, même si ici il s'agit de randonnée très sportive où il convient de porter un sac chargé de nourriture et du matériel de bivouac), aux bikers et donc aux coureurs, aux trails runners plus exactement. 

Des sentiers un peu différents

Un terrain qui différe légèrement de celui apprécié par les traileurs de montagnes en France : ici, les sentiers sont souvent mieux tracés et le sol reste souple. Peu de roches, de terrains très techniques.

Le trail, c’est de la course à pied

C'est aussi, j'ai pu m'en rendre compte l'an passé, une culture du Trail running un peu différente. Ici, le trail reste avant tout de la course à pied, puisque les terrains s'y prêtent. Le dénivelé est certes présent, la chaleur et l'altitude peuvent rendre certaines des grandes épreuves américaines très exigeantes, mais les qualités exigées différent sans doute un peu : vous ne trouverez pas ici de descentes très abruptes et très rocailleuses : les sentiers descendent plus gentiment, en lacets. Les meilleurs coureurs américains sont d’ailleurs souvent, à l’image du prodige Jim Wamsley ou de Max King, issus de la piste et de la route où leurs références sont impressionnantes (13’52” sur 5000m pour le premier cité par exemple !)

Minimalisme

Le trail US, c'est aussi, à l'instar des randonneurs de longue durée que je rencontre ici et qui déploient quelques trésors d'ingéniosité pour alléger leur chargement, une course nature dépouillée et minimaliste. J'avais pu m'en rendre compte l'an passé, en participant à un 50 kilomètres près de San Francisco : les participants étaient vêtus de façons légères, les hommes étant même souvent torses nus. De simple shorts, une bouteille à la main. On est très loin des ensembles compressifs que l'on voit souvent en Europe. Il faut dire que le règlement en matière d'équipements obligatoires est plus libre ici, et que les ravitaillements sur les courses sont souvent plus nombreux.
Les chaussures aussi sont le plus souvent des modèles légers, plutôt taillés course sur bons chemins. La Cascadia de Brooks, que je vois aussi beaucoup aux pieds des randonneurs, a la cote. Les Altras, Hoka et Salomon sont populaires aussi.

Ambiance bon enfant

L'ambiance est restée celle du trail convivial et bon enfant : les courses ne rassemblent guère plus de 300 participants. Les plus célèbres exigent une certaine chance pour pouvoir s'inscrire : le nombre de coureurs étant très limité, il faut en passer par une loterie. Néanmoins, de nombreuses courses moins prestigieuses ou moins connues existent un peu partout dans le pays et il est facile d'y trouver une place.
Je n'avais ainsi aucun problème pour m'inscrire à ce beau 50 kilomètres dans la baie de San Francisco. Certains s'inscrivaient même sur place le jour de la course.

Organisation légère

En ce qui concerne l'organisation, c'était également assez minimaliste et je pense à l'image du Trail US : less is more. Une vraie simplicité qui ne gâche cependant pas l'efficacité. Un balisage bien conçu, un parcours qui reste logique et sur des sentiers tracés. Ici, on aime la simplicité. Les chemins sont là pour marcher, courir, faire du vélo. Utilisons les.
Sur l'épreuve à laquelle j'avais participé, organisée dans un parc régional, plusieurs distances étaient proposées : du 8 au 50 kilomètres. Un système de boucles, là encore simple et efficace. Cela permettait d'organiser efficacement avec un nombre de bénévoles limité : seuls trois postes de ravitaillement sur l'ensemble des courses, et le tour est joué. Bien sûr, les épreuves plus importantes disposent de moyens plus importants mais d'après ce que j'ai vu, cela reste dans cet esprit de simplicité et d'efficacité.
À l'arrivée de cette course, pas de grands tapis rouge ni d'immenses mises en scène : une ligne au sol, un petit auvent, quelques bières et des burgers qui cuisent sur le grill.

À contre-courant ?

Dans un pays souvent montré du doigt pour sa sur-consommation, le minimalisme des traileurs, et des randonneurs de longues distances, que j'ai rencontré aux États-Unis s'inscrit sans doute dans un contre-courant. Mais qui existe bien et signe un certain rapport à la nature américain qui m'a bien séduit. Et me donne encore et toujours l'envie de courir sur de beaux sentiers, légèrement équipé, libre et aérien. Dans le plus pur esprit du Trail made in USA !